mardi 3 mai 2005

épiphanies - extraits

“Après ces expériences, après ces rencontres, après ces jouissances précoces, il m’a fallu trouver une zone de recalcification, un parcours fléché, une salle de refroidissement en somme. Après ces fièvres préparées, après toute cette publicité, je n’ai pas cherché à m’isoler ou à me retirer, j’ai juste laisser la lésion chaleureuse atteindre l’organe volumineux et j’ai transpiré sué. Je suis devenu un simple muscle en sueur, un héros l’écume à la bouche, le regard défait et les jambes croisées. J’ai enfin sécrété des toxines. J’ai produit des herpès, des croûtes, des dermatoses, ma peau s’est asséché autant que mes muscles se sont activé. J’ai écrasé mes os contre mes muscles ; j’ai créé de nouveaux tissus, non pas hybrides, encore moins mutants, juste des tissus-intervalles entre mes os aigris et mes muscles expansifs. Nous avons formé des amas luisants de muscles bien irrigués ; nous n’avons, par contre, pas rassemblé nos os pour en extraire un fumet gazeux et nutritif ; nos os sont restés épars et déçus, plus ou moins constipés, souvent vomissants ; nous n’avons pas expliqué nos cérémonies décongestionnantes. De longues processions de muscles se sont constituées, sans préparation : de belles rangées de nos muscles suintant, gonflant, se répandant se sont développées dans l’escalier antique. Nous nous sommes regroupés, à l’intérieur d’enclos osseux — de vertèbres chues et de malléoles vermoulues, principalement —, nous y avons fait du cirque, nous nous sommes groupés, encastrés.”



“Après ces événements, après tout ce qui s’est passé, après vous savez quoi, il m’a été naturellement, évidemment — cela va sans dire — impossible de reprendre le cours habituel des choses, de réoccuper le squat, de reprogrammer quelques concerts mystérieux et creux, de reprendre une drague aimable, continue et inégalement efficace ; je n’ai pas non plus pu reprendre les habits de convictions un peu trop atténuées, fanées, fatiguées, enrouées, sèches. (...) J’ai alors beaucoup résidé sur mes avant-bras — qui se sont donc râpé, par érosion —, sur quelques sommités chevelues (ou velues) de mon corps, principalement sur des crêtes. J’ai alterné (dans un même moment - ou forme) des arrondis et des arrêtes, des piques, des cambrures charnues, des accents — des angles et des cercles en somme.
Je suis devenu un lapin déshabillé.
(...)
Nos fesses ont enflé, se sont couvertes de poils. Nos sexes se sont tachés de moisissures tenaces, grouillantes et purulentes. Nos plis se sont durcis, encroûtés, se sont rigidifiés en plaques, en tâches ayant vocation à se desquamer. Nos estomacs se sont allongés, se sont dépliés, ont glissé au delà du plancher pelvien. Nos cœurs se sont blanchis. Nos sourires se sont opacifiés d’un film collant. Nos ongles se sont incurvés. Nos bassins se sont dandinés, se sont reculés, ont laissé nos cages thoraciques devenir proéminentes, avancées, premières. Nos cheveux ont inversé le sens de leur pousse. Nos sueurs ont irrigué nos fascias plus que nos pores. Nous nous sommes alourdis de tous ces liquides inécoulés. Nous nous sommes retrouvés dans des hangars aménagés ; nous avons produits toutes sortes d’essais, inventé de nouvelles terminologies et, mieux encore, de nouvelles typologies. Nous nous sommes bousculés.”

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