lundi 25 décembre 2006

Je suis l'ami d'un roi, de deux rois. L'un vit aux confins des mausolées de ses proches (ascendants et descendants). L'autre aime l'eau. Ils deviendront des saints, ils feront l'objet de livres, de pièces de théâtres, de ballets modernes. L'un rôde, sa tête sous son bras ou sur sa main et contrôle les niveaux d'humidité. L'autre nage et souille délicieusement un puits. Ils devraient nous donner des idées pratiques plus qu'artistiques.

Comme les affaires, comme a volé.

C'est un jour de fête désaffiliée. A l'étage du chateau, on n'entend pas les cloches, on est à l'écart des célébrations. C'est la veille de difficultés. C'est un jour simple, exempt de tournures. C'aurait dû être un jour sans coup, enfin humide et généreux, un jour de dégustation. Les moutons sont tondus, les jeunes sont tout juste rentré du coton, certains criblés de dettes - pour n'avoir pas ramassé les quarante kilos journaliers règlementaires, certains trouvent des façons sexuelles de payer leur dette. C'est un jour qui fait fuir le brouillard et les menaces, un jour de deuil, le soleil n'éclaire plus nos statues dorées, les pivots sont rompus, c'est un jour sans style, de pure redite, mêmes coups, mêmes difficultés, mêmes lassitudes, mêmes extrêmes dévotions, mêmes amours, mêmes confiances. Selon elle, c'est la Fête de l'Aporie, selon moi ; c'est simplement le jour avunculaire - son grand retour. Cette année, ce jour tombe en plein pendant les négociations organisées à l'aide d'un logiciel de traduction à cause des restrictions budgétaires, c'est l'année lors de laquelle "à bientôt" se dit "tant que", lors de laquelle on "se remet des grands saluts", lors de laquelle on se rejouit :
"Chez nous belle va la neige".

mardi 19 décembre 2006

LES CONTORSIONS SACREES SOUS LES LUTRINS GEANTS

MON MASSEUR REGARDE SON MAITRE MON MASSEUR ME BRISE LES REINS LES GENOUX ESSAIE LE COEUR MON MASSEUR ME BRULE LE SEXE J'AIME (MIEUX)LUMIERE MA KAZAKH SES VISITES NOCTURNES DANS MA VIEILLE CHAMBRE MA GUIDE CONNAIT PLUS DE LEGENDES QUE LES AUTRES LES JUS DE GRENADES LES TETES COUPEES ET LES CONTORSIONS SACREES SOUS LES LUTRINS GEANTS DE SAMARKAND.

jeudi 14 décembre 2006

C'est Hâche ou Arrête! - si j'étais le dernier-né suspect d'une grande fratrie - ou plutôt Beau Visage (Belle Physionomie) ou Force ou Triomphe ou Vaillant ou peut-être Rideau que nous nous appellerions. Et je pourrais remonter l'allée présidentielle, éviter artistiquement les contrôles de police, traverser travesti le brouillard pour te rejoindre les nuits de légende. Nous ne parlerions alors ni de plov, ni de fruits confits, ni de nos salaires, mais juste un peu de l'harmonie de nos prénoms, de la belle alliance des sonorités et des sens, de l'étonnante confusion des forces et surtout des systèmes inconnus, des glandes humorales inhumées. Je ne parlerais ni des larmes d'Olga, ni de mon amour vain pour Farid, ni de mes dettes, ni du costume national. Et nous partirions ensemble pour Khiva, demain ou après-demain.

jeudi 7 décembre 2006

Sur la route encore, je suis au milieu du monde et sans iode.

vendredi 1 décembre 2006

ROUTE

Sur les routes de Picardie, quittant le couvent argenté et délabré, fonçant, enfin compétent dans le village, jusqu'à la gare de Saint-Erme, les bureaux fermés, jusqu'au TER à deux vitesses, jusqu'à Reims, jusqu'au marché de Noël, jusqu'aux hauts-parleurs, jusqu'aux gloires à Dieu électroniques et bruyantes, jusqu'à retrouver, entre quelques sushis déjà ternes plusieurs danseurs tunisiens, connus à Montpellier, sur la route du retour, gonflé par Jack Kerouac, je pousse jusqu'à Busigny, dans les brouillards nouveaux et suaves - comme des versions humides de l'été, les aboiements et sursauts des chiens, l'hôtel-restaurant fermé, sur la route du retour, tôt encore mais nocturne, je m'arrête à Saint-Quentin, je descends avec toutes les filles montées à Bohain dans le TER moderne et avec les délégués chasseurs, les garçons aussi lycéens attendent Montescourt, je pense encore aux listes-écrins, aux longues listes intégrant noms et sentiments cachés et aveux, aux monuments aux morts, révélant éblouissant et invisible le nom aimé, troué sur la réserve naturelle de Saint-Quentin, je traverse les ponts, rôde autour des basiliques, des théâtres, des mairies, quelques insultes citadines, je découvre des trésors, des pailles aurifères, j'imagine les cadeaux, j'imagine les sciences-fictions, si tu étais là, si les silences rompus, si je complotais avec elle au lieu d'y rêver, les parures acquises à Babou, diodes lumineuses, robots, sabres magnétiques, je flaire tous les hôtels et toutes les brasseries de Saint-Quentin, j'en trouve un, de Paris, proche du canal, filles et vieux cessent tout à mon arrivée, puis m'offrent le renouveau du juke-box, je préfère celui de la Paix, sur la place, mais aucune des chambres ne donne sur la place, elles sont toutes trompe-l'oeil, j'en trouve une quand même sur rue, romanesque, je ne peux rien en dire de plus, sinon les multiples interrupteurs, la télévision, les rideaux lourds, plissés, fleuris, les double-vitrages, les VRP, tous les hôtels sont labellisés pro-VRP, je préférais en fait la demeure des Tanneurs où il ne restait que des suites, je mange de gras nutriments dans une Brasserie affable, nouvelles insultes, inquiétudes du couvent, nuit sobre, sage, seule, pure, indifférente, je retrouve au matin mes pailles dorées, toujours ni message, ni rupture, ni espoir, ni programme, ni rencontres, ni tristesse, je sillonne la ville à nouveau, les ponts, maisons basses, lumières urbaines, histoires, peintures, toujours de l'identification, toujours de l'exaltation, pas encore de réflexion, chants des morts, anglais, noirs, jeunes, coqs, évêques, ducs, grands, beaux, bels, bègues, blancs, bruns, cailloux, cerfs, clercs, chantres, coins, comtes, écuyers, dieux, forts, gris, gros, jeunes, maires, émirs, moines, neutres, pères, épines, preux, sages, sûrs, étangs, étaux, turcs, insultes à la gare, le retour est encore plus romanesque, retour de fugue, retour au couvent, punitions, coups de règles fantasmés, ligottés dans les cages flanquant la chapelle, en attendant :
La voiture de la boulangère me course et me rattrape au niveau du "Cimetière du Commonwealth" de Saint-Erme.